1971 - retour du service militaire - fini de rigoler avec des groupes de rock. L'opportunité d'être engagé dans un orchestre de danse qui a plein de boulot et qui permet de gagner un honnête SMIC avec la musique. Une possibilité de vivre de ce métier et de cette passion car dans ce groupe il y a de super musiciens et qu'on peut toujours s'arranger à jouer, pendant les soirées, des morceaux qui nous plaisent (Blood Sweet and tears - Chicago transit - Magma - Michel Colombier, East of Eden - Gentle Giant - Jeff Beck - Jethro tull) - Sans en oublier l'obligation de délivrer l'intégralité du Top 50 de la variété française. Marié, une fille, puis deux, jusqu'au jour où à l'occasion de la maladie d'une d'entre elles et des demandes de remboursement de soins, je m'aperçois que le système de vignettes grâce auxquelles les musiciens bénéficient d'une couverture sociale et de droits à la retraite est complètement bidon et n'ouvre droit qu'à... rien du tout, juste à la misère. Ce qui est le lot du musicien de base chose qu'il accepte tant qu'il est jeune et en bonne santé. Mais ça ne fait pas l'affaire d'une famille. Donc... je trouve un boulot pour bénéficier des droits de tout-un-chacun. Le problème c'est que c'est deux métiers à plein temps. Cacheton le samedi soir, le dimanche après-midi, quelquefois le dimanche soir et le lundi matin au boulot sans avoir fermé l'oeil. Je continuerai toute ma carrière à avoir deux activités, bien m'en a pris.
Répétitions le mardi soir (deux morceaux à apprendre par semaine) à 60 kms de chez moi. Il n'y avait pas encore beaucoup d'autoroutes à cette époque, en tout cas pas entre Lyon et Bourgoin-Jallieu. Avec une voiture pourrie le trajet est bien long. - Coucher à 3 heures - et à 7 heures il faut être à l'usine à Craponne (40 bornes de chez moi). Donc quand je pense à cette époque, le seul souvenir que j'en ai c'est de ne jamais pouvoir dormir. Dans cet orchestre certains mènent la même vie que moi, d'autres ne font que de la musique, ce qui crée des divergences de vues, mais rien d'insurmontable. J'ai gardé des contacts avec certains des musiciens qui sont sur la photo, comme mon acolyte saxophoniste Jean-Pierre Bourgeois, notre collaboration va durer très lontemps et notre amitié perdure - J'ai suivi de loin en loin la carrière du pianiste Jacques Pina qui m'avait fait rentrer dans cet orchestre. Je revois tous les 5 ans le chanteur Vahé Helvadjian qui a remarquablement rèussi dans les affaires et qui continue à aimer chanter. Un grand regret, la disparition du batteur René Thénard, un des meilleurs avec qui j'ai joué.
Sur la photo, le drame de cette époque : le piano électrique Fender, l'orgue Hammond, la cabine Leslie, (lourds comme un cheval mort) qui ont cassé le dos de nombreux musiciens.
A signaler : j'en suis assez fier, je me suis fait virer de cet orchestre (prétexte, j'avais été approché par d'autres musiciens qui voulaient monter un groupe). C'est comme pour les entraîneurs de foot, tant que tu n'as pas été viré d'un club tu n'es pas un vrai entraîneur. C'était le baptême du feu, les pros, c'est pas des bisounours
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